Les Inrockuptibles has reviewed Virtual Normality: Women Net Artists 2.0 at Museum de bildenden Künste Leipzig, including works by Molly Soda, Signe Pierce and Arvida Byström (article in French).
« Virtual Normality », l’expo qui questionne la représentation du corps féminin sur Internet
By Fleur Burlet
« Virtual Normality : Women Net Artists 2.0 » donne la parole à cette nouvelle génération d’artistes qui se tourne vers le digital pour redessiner les représentations féminines.
« J’ai souvent entendu qu’exister sur Internet n’était pas réel ou était quelque chose d’anormal, une parenthèse hors de la vie de tous les jours et du monde réel. Je me suis demandée où je pouvais me situer par rapport à ça, vu que je suis devenue adulte avant tout sur Internet, et que ma vie entière est intrinsèquement liée à l’architecture fuyante de la Toile. »
Arvida Byström, Suédoise basée à Los Angeles, s’est fait connaître par ses selfies sans complexe postés sur son compte Instagram, où elle apparaît en lingerie rose bonbon, jambes et aisselles non épilées, jouant avec ses sextoys, dévoilant ses tâches de règles. Artiste et photographe, sa notoriété l’a conduite à poser pour des grandes marques de mode : en octobre dernier, elle devient égérie Adidas Originals. Aux antipodes de la liberté accordée par les réseaux sociaux, où ses presque 250 000 abonnés suivent et applaudissent ses explorations esthétiques, les commentaires hostiles pleuvent à l’encontre de la jeune femme : Arvida, jolie blonde habillée en dentelle et en rose, ne s’est pas épilée pour la séance photo.
Le regard féminin à l’heure du digital
Arvida fait partie des onze artistes invitées à participer à l’exposition Virtual Normality : Women Net Artists 2.0, organisée au Museum der bildenden Künste à Leipzig, en Allemagne. S’intéressant au regard féminin à l’âge de la mise en scène digitale de son identité, l’exposition se focalise sur ces femmes artistes qui questionnent les stéréotypes de genre et les idéaux de beauté en se réappropriant les codes de la féminité : aux côtés d’Arvida Byström, on retrouve les selfies de sa copine Molly Soda, les clichés glamour de la photographe Juno Calypso, les poses provocatrices de Signe Pierce, jouant avec le regard masculin, ou encore la réflexion sur le caractère politique des cheveux afro par l’artiste Nakeya Brown.
Toutes ont en commun leurs supports de prédilection : Internet et les nouvelles technologies. Ces artistes 2.0 utilisent smartphones, tablettes, ordinateurs et vidéos live pour faire passer leurs messages. Brouillant les frontières entre art et vie réelle, ces activistes du net, en diffusant leur vie et jouant des rôles, mettent en lumière les représentations stéréotypées des femmes via une esthétique exagérément féminine : rose, paillettes, ongles manucurés, cheveux péroxydés, talons aiguille ou fausse fourrure sont détournés pour montrer à quel point la représentation des femmes est limitée dans les médias traditionnels.
Le tout donne des oeuvres frondeuses et humoristiques : dans la photo choisie pour l’exposition, Arvida Byström adopte la pose traditionnelle du selfie face au miroir, son smartphone rose cachant à peine sa culotte en dentelle rose flash… de laquelle s’échappe une touffe de poils pubiens sombres.